CORCELLES-CORMONDRÈCHE Aveugle et maman de deux petites filles de 3 ans et 18 mois, Natacha de Montmollin dévoilera son quotidien, ce soir, sur la chaîne française TF1
Maman, lis-moi une histoire!», lance Solène, 3 ans, tandis que Méline, sa cadette de 18 mois, s’applique à placer des formes sur un socle de bois. Scène matinale de la vie ordinaire d’une mère et de ses deux filles au cœur de Corcelles-Cormondrèche. Sauf que dans le salon de cet appartement, la maman narre de mémoire le récit du livre et tâte de ses doigts le grand puzzle pour aider la petite Méline à poser sa voiture de pompiers au bon endroit.
«C’est à moi d’assumer mon infirmité, pas à mes filles»
Natacha de Montmollin Venue au monde aveugle par défaut d’oxygène, Natacha de Montmollin, née Chevalley, a déjà fait l’objet de nombreux articles de presse et s’est exprimée dans plusieurs émissions télévisées. Ce soir à 23h15, les téléspectateurs pourront dé- couvrir son quotidien en se branchant sur TF1. Contactée par la chaîne française via www.blindlife.ch, le site internet qu’elle a créé, Natacha de Montmollin a accepté durant trois jours l’intrusion, dans sa vie, des cameramens et journalistes de «C’est quoi l’amour?». Une émission présentée par Carole Rousseau, qui sera consacrée, aujourd’hui, aux mères handicapées.
«Au début, j’ai hésité à parler une fois encore de moi, à la télévision, reconnaît la maman de Solène et de Méline. Mais mon souci d’informer les gens a été le plus fort. J’avais envie de montrer de quelle manière je parviens à compenser mon infirmité pour m’occuper de mes filles.» Après avoir dû encaisser remarques acerbes ou juste inquiètes durant sa première grossesse, Natacha de Montmollin a constaté, avec une fierté bien justifiée, qu’une seule chose tenait du domaine de l’impossible: couper les petits ongles de ses deux blondinette lorsqu’elles étaient bébé.
Informaticienne et skieuse
Ex-championne de ski et informaticienne de métier, cette jeune femme de 32 ans n’a jamais douté de ses capacités à devenir maman. «J’ai été autonome très tôt et, avant de rencontrer mon mari, j’ai vécu seule durant cinq ans tout en travaillant, relève cette battante. La question de la maternité ne lui a donc jamais posé problème. «Même si je rencontre un jour des difficultés à faire certaines choses, je trouverai des solutions. C’est à moi d’assumer mon infirmité, pas à mes filles.»
Les mains et les oreilles
Les deux petites blondes ont, du reste, vite compris que d’autres sens rempla- çaient les yeux de leur maman. Les mains de cette dernière connaissent par cœur Solène et Méline. Ses oreilles savent de suite où elles se trouvent et ce qu’elles font. Ses oreilles encore les reconnaît à leur démarche et les localisent dans un groupe d’enfants.
Une très belle histoire qui prouve qu’avec une once d’organisation et un océan d’amour, tout est possible.
Journal l’Express du 24.03.2006
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