Jeux Paralympique d’hiver d’Alberville
Je suis allée voir ma fille, Natacha de Montmollin, non-voyante, aux jeux Paralympique d’Alberville.
Nous étions en train de regarder les athlètes descendant les pistes, handicapés de la vue, paraplégiques, unijambistes et d’autres personnes avec un handicap. Nous les avons suivis avec admiration.
À côté de moi est arrivée une personnes en fauteuil roulant, qui venait de terminer sa course. Il nous a expliqué comment les différentes catégories étaient mises en place, et nous a expliqué les difficultés de descendre une piste de ski quand on est paraplégique.
Et tout à coup il a ajouté: « Vous savez, de toutes les personnes handicapées qui sont ici, c’est quand même votre fille qui est la plus handicapée de tous. Elle arrive dans un lieu inconnu, elle a tout le temps besoin de quelqu’un pour lui indiquer le chemin jusqu’à l’hôtel, où se trouve sa chambre, la salle à manger, mais aussi où est le buffet du petit déjeuner, et qu’est-ce qu’il y a sur ce buffet, et où se trouvent les toilettes. Il faut vraiment l’accompagner partout, elle ne peut aller nulle part toute seule! »
Ça m’a fait un coup. Même si j’ai les réflexes de sécurité vis-à-vis de ma fille, et certains gestes habituels qui tiennent compte de son handicap, j’oublie souvent ce handicap dans la vie de tous les jours. Cette remarque me faisait mal, et j’y ai pensé toute la journée.
Le soir, au repas, je n’ai pas pu m’en empêcher, j’ai demandé à ma fille qui était selon elle le plus handicapé de tous. Et elle me répond: « Tu sais ce sont les paraplégiques. Ils sont toute la journée assis dans leur fauteuil, c’est souvent l’enfer pour se déplacer quand le chemin est trop caillouteux, quand il y a des seuils trop hauts. Ils ne peuvent plus courir, aller où ils ont envie, dans la forêt par exemple, souvent des toilettes ne sont pas adaptées, la vie de tous les jours est compliquée pour eux. »
Les deux vivent dans la réalité de leur handicap, et ils le vivent bien. Émue, j’ai embrassé ma fille.